précédentPage précédente
Page accueil d'accueil
Page suivantesuivant

Ce site n'est plus mis à jour depuis 2004,

mais je vous invite à suivre la formidable histoire de notre Glorieux 75 sur mon nouveau site en cliquant ici !


L'artillerie de la fin du XIX° siècle est hippomobile, au même titre que la Cavalerie ou le Train des

Equipages.Le cheval tient donc une place primordiale dans le service du canon de 75 jusque dans les années 30 où la traction automobile commence à faire son apparition.

En 1913, l’armée dispose de 150 000 chevaux répartis en 100 000 de selle et 50 000 chevaux d’attelage.
Lors de la mobilisation en août 1914, de nombreuses nouvelles unités sont mises sur le pied de guerre, ce qui double tout à coup le besoin en chevaux, soit 300 000 chevaux. Ceci sans compter les chevaux morts ou à remplacer au plus tôt dès que les hostilités se déclenchent.

 

 

 

LA REQUISITION DES CHEVAUX.

Les ressources nationales qui sont estimées à environ 3 230 000 chevaux disponibles, permettent de satisfaire aux besoins de la mobilisation.

La réquisition des chevaux est donc une opération vitale qui est préparée et suivie dès le temps de paix. Les chevaux existants doivent être recensés et classés. C’est le service de la remonte militaire qui organise et gère ce suivi administratif. Un recensement annuel des chevaux, juments, mulets et mules est fait grâce à la déclaration obligatoire de leurs propriétaires auprès de leur mairie. Les registres des mairies sont ensuite envoyés au service régional des remontes qui en assure le suivi. Il existe aussi un recensement des véhicules hippomobiles, qui a lieu tous les trois ans.

La deuxième opération après le recensement est le classement. Il est fait par une commission se déplacant chaque année dans la moitié des communes. Cette commission va affecter chaque animal vu à une catégorie bien précise (cheval de tête – ou d’officier-, cheval de selle, cheval d’attelage, etc…).

Si toute l’armée est hippomobile, la Cavalerie (chevaux d’officiers et de selle) et surtout l’Artillerie (chevaux de trait) sont les pricipaux utilisateurs de chevaux avec le Train des Equipages Militaires.

En cas de mobilisation, les réquisitions d’animaux sont soumises à un barême de prix fixé par une circulaire du ministère de la guerre. Ces réquisitions sont faites par des comités d’achat qui font leur tournée dans les villes et villages avertis par voie d’affichage. Les achats se font en public sous la direction du président du comité de réquisition.
Les chevaux sont ensuite regroupés au sein de dépôts par la remonte militaire puis triés lors d’exercices simples pour les classer selon leurs aptitudes et leur allure.
Les animaux réquisitionnés travaillant la plupart du temps au sein d’exploitations agricoles doivent être dressés, au moins sommairement, pour pouvoir répondre aux besoins minimum des militaires : dressage à la selle ou bien dressage au travail en attelage (trait ou guides). Les chevaux âgés de plus de cinq ans sont ensuite envoyés dans les régiments ; ceux encore trop jeunes sont envoyés dans des établissements de transition. Bien souvent, ces chevaux réquisitionnés ne correpondent pas du tout aux chevaux dont l’armée d’active a besoin : fragiles et fatigués, effrayés et peu endurants. Une fois affectés dans les régiments d’artillerie, il faut souvent parfaire leur dressage pendant encore plusieurs mois avant qu’ils ne puissent rendre les services que l’on attend d’eux.

 

Les qualités d’un cheval d’artillerie de campagne sont les suivantes: il doit être capable d’effectuer des étapes de 40 km, de rester attelé pendant plusieurs jours, d’évoluer dans des terrains difficiles avec la plus grande docilité.


Car si un attelage de 6 chevaux semble largement suffisant (4 chevaux suffisent) pour tracter un canon de 75, son avant-train et ses 6 servants, le poids tiré par chaque cheval étant à peu près égal à 328 kg, les six chevaux deviennent vite indispensables pour faire évoluer ce même attelage dans la boue où les fines roues du canon s’enfoncent aisément, ou bien pour accéder aux positions de tir par des chemins très accidentés.
Les chevaux les plus aptes pour l’attelage de l’Artillerie de Campagne sont les chevaux à deux fins, c’est-à-dire aptes à servir en cheval de selle, aussi bien qu’à trotter en attelage, d’une taille comprise entre 1,48 et 1,52 mètres et d’un poids d’environ 450 kg.

 

 

 

LES CHEVAUX PENDANT LA GUERRE.

Quatre mois après le début de la guerre, l’armée commence déjà à manquer de chevaux, ceci malgré plusieurs séries de réquisitions. Il est même décidé d’abaisser d’un an l’âge minimum de réquisition des chevaux. Mais tous les chevaux ne peuvent être réquisitionnés sans mettre en danger l’activité économique du pays car les exploitations agricoles et même l’industrie utilisent largement la force hippomobile pour leur production. De nombreux paysans sont déjà forcés de ne travailler qu’avec un minimum d’animaux. De plus, une grande partie du territoire national est envahie par l’ennemi et prive l’armée d’une grande partie des animaux réquisitionnables avant la guerre. André ARIBAUD, note dans ses carnets de guerre: (...) « Les propriétaires de ces chevaux se trouvaient désemparés et se demandaient comment assurer, à l’avenir, l’exploitation de leurs propriétés.»

Début 1915, on estime à 128 000 le nombre de chevaux morts ou n’étant plus apte à faire campagne. Les besoins mensuels sont énormes et s’élèvent à environ 35 000 chevaux. La France trouve rapidement la solution à ses besoins dès la fin 1914 en ayant recours à l’importation de chevaux en provenance des Etats-Unis.
Le jeune André ARIBAUD s’engage en 1916 pour 3 ans au 3° RAC en tant que conducteur. L’équitation prend une part importante sans ses classes d’artilleur ; il témoigne à propos des chevaux américains :
« Les classes à cheval furent extrêmement pénibles, attendu que nous devions apprendre à faire du cheval avec des chevaux sauvages pris au lasso dans la brousse canadienne. Ils arrivaient par pleins bateaux, et cela devait continuer jusqu’à la fin de la guerre, la presque totalité des chevaux français ayant été réquisitionnés en 1914. »

De 1914 à 1917, la remonte militaire réquisitionne ou achète environ 950 000 animaux en France et importe des Etats-Unis environ 474 000 chevaux, soit un total de 1 450 000 chevaux et mulets incorporés dans les armées en 41 mois.

 

L’énorme consommation de chevaux pendant la grande guerre dans l’Artillerie est due à plusieurs facteurs :


- les chevaux fournis par la remonte ne correspondent pas toujours aux critères de rusticité recherchés pour des chevaux d’artillerie ou bien ils arrivent déjà fatigués ou peu entraînés,
- le surmenage de ces chevaux lors des préparations des grandes offensives qui effectuent des étapes beaucoup trop longues pour rejoindre leur secteur, les ravitaillements en munitions incessants pendant la bataille, dans un terrain boueux et accidenté ou bien sous un soleil de plomb. Paul LINTIER témoigne lorqu'il doit rejoindre de nuit sa position dans les Vosges: "J'avance lentement. Derrière moi, les lourdes voitures attelées de huit chevaux suivent à grand'peine à travers les montées rudes et les descentes plus terribles encore sur les pierre roulantes."
- les maladies atteignent d’autant plus facilement les animaux qu’ils sont surmenés et souvent mal nourris ; c’est une des principales causes de mortalité des chevaux dans l’Artillerie, les épidémies ayant eu des effets dévatateurs.
- Au même titre que les hommes, les chevaux étaient soumis aux tirs dévastateurs de l’artillerie adverse qui causait de lourdes pertes. André ARIBAUD, artilleur au 273° RAC, témoigne dans ses mémoires : « Malheureusement cet obus était tombé sur la route où étaient arrêtées les voitures de la batterie (…) nous assistons à un bien triste spectacle. On entendait des plaintes de partout et c’était la nuit noire. Certains conducteurs étaient enchevêtrés dans les traits, sous les chevaux morts ou blessés. (…) Un grand nombre de morts et de blessés gisaient au milieu des chevaux tués ou blessés, appartenant tous à la 41° batterie. »

 

 

L'ALIMENTATION DES CHEVAUX.


Les principaux fourrages données aux chevaux sont le foin (herbe séchée), la paille et l’avoine.
Il existe plusieurs catégories de rations en fonction des chevaux et de leur utilisation.

Par exemple :
- un cheval de Cuirassiers ou de l’Artillerie lourde reçoit une ration journalière de 4 kg de foin et de 6,6 kg d’avoine, tandis qu’un cheval de l’Artillerie de Campagne reçoit une ration de 3,850 kg de foin et de 6,450 kg d’avoine.
Ces valeurs, qui ne sont que théoriques, ne seront que rarement respectées pendant la guerre. Les aléas des approvisionnements (pénurie d’avoine, aliments de substitution,etc…), les délais d'acheminement du ravitaillement et les priorités données aux opérations sur le terrain ont souvent fait que les chevaux employés près du front n’ont pas toujours été correctement nourris.
Néanmoins, certains chevaux étaient relativement bien traités par les soldats, comme par exemple un dénommé Belenfant dépeint par Paul LINTIER: " S'il jette à ses chevaux les plus énormes injures, il les traite avec douceur et amitié. On l'a vu faire jusqu'à une lieue, le soir, après une étape mortelle, afin de leur trouver quelques brassées de foin."
" (...) très longue marche de nuit. Il était plus d’une heure du matin lorsque, enfin, nous nous sommes arrêtés. Il a encore fallu faire la soupe, mener les chevaux boire et leur donner l’avoine."

 

L’eau : un cheval doit boire environ 20 litres en 24 heures, en au moins deux fois. De plus, le cheval est un animal assez difficile vis-à-vis de la qualité de l'eau qu'il boit ce qui complique encore les problèmes d'approvisionnement: il faut allier quantité et qualité de l'eau.
Paul LINTIER, dans son livre "Ma pièce" aborde ce sujet : « A l’heure de l’abreuvoir, l’unique rue du village est pleine de chevaux tenus en main ou montés à poil. Six batteries sont cantonnées autour de Moirey et il n’y a ici qu’une seule auge où tombe d’une fontaine un filet d’eau claire, gros au plus comme deux doigts (...) Au bout de cinq minutes, on avance encore de vingt pas. Lorsque nous arrivons enfin aux abords de l’abreuvoir, où l’on s’enfonce dans la boue jusqu’aux chevilles, des centaines de chevaux ont laissé sur l’eau tant de bave que nos bêtes refusent de boire. »

Une batterie montée de canons de 75 possède 215 chevaux et doit leur donc donner 4300 litres d’eau par jour, ce qui nécessite une logistique de l’eau bien organisée. Face aux besoins des unités présentes dans un même secteur du front, un service des eaux placé sous la responsabilité du Génie est crée en 1915. Ce service est notamment chargé de créer le nombre de points d’eau suffisants (abreuvoirs) répartis dans un secteur et d’assurer la bonne qualité de l’eau fournie aux chevaux et aux hommes.

Dans "Le tube 1233", Paul LINTIER évoque à plusieurs reprises le problème de l'approvisionnement en eau pour ses chevaux: "(...)Ca allait! ... A part l'abreuvoir. C'était tout un voyage, deux fois par jour aux puits... et l'eau n'était guère abondante.. Enfin!... (...)".


 

L'APPRENTISSAGE DE L'EQUITATION.

 

« pour les élèves gradés, le départ à cheval était toujours fixé au petit jour et comportait trois heures de manœuvres. »

 

A SUIVRE...

 

 

LE HARNACHEMENT DES CHEVAUX.

 

L'attelage du canon de 75 (ou voiture) peut être de deux types:

- voiture-caisson (avant-train + arrière-train de caisson)
- ou voiture canon (avant-train + canon)

Dans les deux cas, la voiture est tractée par 6 chevaux en général, même si 4 chevaux seraient suffisants sur chemin carrossable.

Les attelages du 75 ou de son caisson sont en général conduit "à la Daumont", mais le harnachement des chevaux conduits en guides sera aussi abordé ci-dessous.

On distingue:

- le harnachement des chevaux de selle,
- le harnachement des chevaux de trait conduits en guides,
- le harnachement des chevaux attelés à la Daumont.

 

 

Harnachement des chevaux de selle:

GARNITURES DE TETE:

Licol d'écurie: il équipe la tête du chaval lorsqu'il est à l'écurie et ne comporte pas de mors.

Bridon d'abreuvoir: au même titre que le licol, il permet d'attacher le cheval à un point fixe.

La garniture de tête modèle 1874 comprend:

la Bride de porteur avec son mors de filet :

le Collier d'attache: est fixé autour du cou du cheval et l'extrémité de la longe en chaîne est fixée au dé de longe de la sacoche gauche pour les chevaux de selle, ou à l'anneau extérieur du dessus de cou pour les chevaux d'attelage.

 

SELLERIE:


la Selle montée avec sacoches
est destinée aux chevaux de selle. Les sacoches ne sont pas montées pour les chevaux d'attelage.

 


les Sacoches:
viennent se fixer sur le pommeau, à l'avant de la selle. Elles comportent des poches à fer à cheval dans leur partie inférieure


la Selle:
elle comporte plusieurs courroies pour arrimer le paquetage. Sur celle-ci vient se fixer le sabre, coté gauche. A l'arrière, le manteau vient se fixer sur les courroies de troussequin.

 

 

Harnachement des chevaux
de trait conduits en guide:

Le harnachement d'attelage en guides modèle 1861 est composé de:

une bricole avec dessus de cou,

une paire de traits,

une sous ventrière,


une avaloire,

une croupière,

une plate longe.

 

Harnachement des chevaux
attelés à la Daumont:

Ce type de harnachement est différencié entre les chevaux de devant et ceux de derrière. Chacun d'entre eux comporte un harnachement de porteur et un harnachement de sous verge.

 

Les chevaux dits "porteurs" de derrière: leur harnachement comprend une garniture de tête de cheval de selle modèle 1874 et un harnais d'attelage modèle 1861 (bricole, trait, sous ventrière, avaloire, plate longe) dont le surdos est ici remplacé par une selle sans sacoches.

Les chevaux dits "porteurs" de devant: leur harnachement est le même que les porteurs de derrière mais le harnais modèle 1861 ne comporte pas d'avaloire, ni de plate longe, et les traits sont soutenus par un surdos.

Le harnachement des chevaux dits "sous verges de derrière" se compose :

d'une garniture de tête de sous verge modèle 1874,

d'un harnais modèle 1861 dont le surdos est remplacé par une sellette qui accueille les sacoches.

Le harnachement des chevaux dits "sous verges de devant" est le même que les sous verges de derrière mais le harnais ne comporte ni avaloire, ni plate longe et les traits sont soutenus par un surdos.

 

A SUIVRE...


précédentPage précédente

Haut de page Contactez moi! Page suivantesuivant
© le canon de 75 / www.canonde75.fr.st - 2001

Vous êtes à avoir visité ce site